Snowden : La construction d’un personnage par une pluralité de discours

Snowden : La construction d’un personnage par une pluralité de discours

Présentation de la série d’articles

La perspective dans laquelle j’engage mes recherches consiste à faire émerger de pluralité des manières de penser un personnage fictif, la diversité des manières de concevoir un individu réel. Pour le dire autrement, je propose d’analyser les différentes manières dont sont pensés et développés des personnages de fiction au cinéma pour comprendre les différents mécanismes qui nous permettent de penser l’individu dans la réalité.
Une meilleure compréhension des modalités de développement d’un personnage de fiction peut éclairer et permettre une meilleure compréhension des mécanismes réels de rapports aux individus.
Au fil de mes recherches, j’ai développé un paradigme qui fait apparaître au sein d’un même film la pluralité de processus d’élaboration de personnages. Dans cette nouvelle série d’articles, je propose de développer ce paradigme en mettant en lumière la diversité de mécanismes en jeux dans plusieurs films.

Un modèle en deux processus — Analogie et innovation 

La structure scénaristique de Snowden1 repose sur un agencement complexe des divers événements de la vie personnelle et professionnelle d’Edward Snowden (incarné à l’écran par Joseph Gordon-Levitt), ancien employé de la CIA et de la NSA. Le film présente les étapes qui l’ont conduit à rendre public les agissements des renseignements américains en matière de collecte de données personnelles. Inspirée de faits réels, cette réalisation invite à faire la rencontre du Snowden lanceur d’alerte dans son évolution personnelle. 

On peut ainsi appréhender ce genre de film en général, et Snowden en particulier, en ce qu’il expose le cheminement du personnage principal au fil d’un récit scénaristique. Au fur et à mesure que le temps passe, le personnage principal évolue, change, se développe. Si le film propose une vision linéaire de ce cheminement (au sens de chronologiquement ordonné 2), il met en image plusieurs manière d’évaluer la construction de l’identité de Snowden. Ce sont ces différentes modes de construction que j’appelle des processus d’élaborations d’identités.
Chaque processus articule les caractéristiques qui définissent Snowden d’une certaine façon, et oriente notre perception de son identité. Chaque processus se développe à l’image sous forme d’un discours. 

En étudiant différentes manière de construire les identités, j’ai organisé les différents processus en un système à double entrée.
Quand on développe l’identité du personnage en la faisant correspondre à une figure préexistante, c’est à dire quand l’identité naît de la comparaison du personnage à une figure référentielle, à un statut préexistant (celui du héros, par exemple) : c’est ce que j’appelle le processus analogique. Ce processus est analogique au sens où il s’agit de faire correspondre deux identités entre-elles, l’une effective, ou de terrain (celle de Snowden dans le film) et une théorique, ou stéréotypée (le héros, dans notre cas). 

Quand le développement de l’identité du personnage principal se construit en fonction de la situation et non pas d’une référence extérieure, c’est à dire quand l’identité se constitue au fur et à mesure de l’agencement des caractéristiques définissant l’individu, sans comparaison à une image type, quand le développement de l’individu se fait en lui même, pour lui même : c’est ce que j’appelle le processus innovatif. Ce processus est innovatif dès lors qu’il résulte en la confection d’une identité neuve, pas forcément inédite (au sens de « jamais-vue ») mais singulière, propre à l’individu. Il se peut que cette identité ressemble à une image stéréotypée (celle d’un héros) mais ce n’est pas cette ressemblance qui crée, ou qualifie, l’identité du personnage. 

L’objet de cet article est de montrer que Snowden donne à voir ces deux processus, ces deux développements qui, s’ils concernent un même personnage, produisent deux identités sensiblement différentes. 

La structure de ce texte suivra la présentation des deux cheminements identitaires. Dans un premier temps, on étudiera la manière dont est envisagé le développement de Snowden en héros de l’humanité. Dans un second temps, il s’agira d’analyser la construction d’un personnage tout à la fois lambda et singulier, en d’autres termes d’un individu. Chaque bloc s’appuiera sur des éléments filmiques pour faire apparaître et illustrer les deux processus et les deux identités sous-jacentes.

La voie du héros — Devenir une figure analogique

Loin d’être une exposition purement objective ou documentaire des éléments biographiques de cet homme, le film présente le développement d’un héros en Edward Snowden. La présentation organisée des différents événements induit une reconstitution du chemin parcouru par ce personnage principal. Appréhender le film comme le témoignage d’un cheminement invite (ou impose) la recherche d’un point de départ (qui serait ici son entrée dans la CIA après son incapacité à poursuivre sa carrière chez les forces spéciales) vers un point d’arrivée (sa situation actuelle à la fin du film). 

Le récit de Snowden apparaît ainsi comme celui d’une quête vers sa destinée. En ce sens, on peut considérer que le film nous raconte l’histoire d’un homme qui devint héros. S’engage en ce sens tout un processus de construction de son identité qui se fait en constante référence à la figure stéréotypée, à la fois commune à tous et singulière pour chacun, du héros.  

Snowden va surmonter certains de ses handicaps pour réussir dans sa quête de servir son pays. 

Tout au long du film, on nous donnera à voir le personnage principal engagé dans des péripéties qui serviront à forger son héroïsme. Dès le départ, on présente Edward Snowden handicapé par des difficultés physiques mais fort d’un patriotisme formidable, d’une foi sans faille dans le service de son pays. Son engagement se traduira par son développement et son épanouissement personnel. Au fur et à mesure de ses rencontres, de ses missions, de ses promotions, Snowden va être confronté à des choix moraux et devra déterminer le  « bien » du « mal ». Ainsi, ce qui caractérise Snowden, c’est qu’il est capable de faire « le bon choix », mesurer « ce qui est juste », et ce malgré les dangers pour ses proches et pour lui. C’est par cet aspect principal, à savoir déceler et s’engager pour le bien (des autres, de l’humanité…) qu’il se développe, et qu’il se développe en héros.   

Faire de lui un héros n’est ni bon ni mauvais en soi, ni vrai ni faux en soi non plus. Cela a cependant pour effet de placer le spectateur dans un rapport d’évaluateur. Quand on le regarde, on se demande : Snowden est il bien un héros ? 

L’identité de Snowden devient le fruit d’un ensemble de mécanismes de comparaisons et d’évaluations entre le personnage tel qu’on nous le montre dans le film et notre représentation (supposée commune) de la figure stéréotypée du héros. 

Snowden passe le test sur de nombreux de points. Son patriotisme aveugle se transforme en une foi dans l’humanité qui le conduit à s’en faire l’ultime défenseur. Son sens du sacrifice dépasse tous ses attachements aux autres valeurs. Conscient des dangers, son courage et son habileté lui permettent de réussir son entreprise. Selon tous ces critères Snowden est bien un héros. 

En revanche, ce paradigme d’évaluation du personnage invite également à le considérer « en creux », c’est à dire en faisant apparaître ce qui lui « manque » pour être un « véritable » héros. 

Il n’est pas le seul personnage de fiction à risque sa vie pour la défense de l’humanité. Le cinéma a, en matière d’espion héroïques, apporté son lot de références collectives et de figures stéréotypées. Or, quand Snowden s’inscrit dans cette catégorie, il entre directement en comparaison, de manière consciente ou inconsciente, avec les autres challengers de cette lignée. 

Le héros de Snowden, quoique sympathique et intrigant, paraît parfois manquer du charisme légendaire d’un espion comme James Bond 3. Ses missions et les risques qu’il décide de prendre semblent bien moins dangereux et spectaculaires que les actions de Jason Bourne 4 ou d’Ethan Hunt 5. Son positionnement dans le panorama des héros fait ainsi apparaître ce qu’il « n’a pas », ou ce qu’il « n’est pas », par rapport à d’autres.

Cette lecture de la construction du personnage de Snowden fait donc émerger un premier processus d’élaboration d’identité. Reposant sur des mécanismes d’analogies, ce processus fait concevoir l’identité comme le fruit d’une d’évaluation. 

La comparaison d’une identité effective, celle de Snowden, à celle théorique du héros présente des aspects à la fois positifs et négatifs : il est bien courageux et déterminé, mais il n’est pas très charismatique et manque peut-être de panache. 

L’identité d’un individu ainsi conçue permet (mais on pourrait dire « induit ») un sorte de classification. Il prend place de facto sur une sorte « d’échelle d’héroïsme », et vient se situer par rapport aux autres figures héroïques référentielles.

Notre perception de Snowden en tant qu’individu peut être alors entachée, autant qu’elle peut être embellie, en fonction de nos représentations personnelles. Ce mode de perception place le spectateur dans un statut d’évaluateur au sens où il l’engage dans une appréhension de ce qu’il voit en fonction de ses attentes (formulées ou non, conscientes ou pas), en fonction de références et non plus simplement pour ce qui lui est présenté.

On pense alors Edward Snowden à partir de, et au travers de, la figure du héros : il est homme fait héros. Le film propose cependant un second discours contingent au premier. Il donne en ce sens toutes les clefs pour appréhender la construction du personnage sous un autre angle. Il s’agit d’observer la construction de l’homme en tant qu’individu, quitte à y voir une part d’héroïsme : Snowden est homme en devenir, portant en lui une part d’héroïsme indéniable mais qui ne le définit pas totalement pour autant. 

Le chemin de traverse — Un individu en devenir

Toute la première partie de ce document s’appuie sur un discours particulier : la manière dont « on nous présente Edward Snowden », la manière dont « il nous est montré ». Il est cependant possible, selon moi, de trouver un second discours sous-jacent au premier.
Il s’agirait de considérer la manière dont Snowden « se perçoit lui-même » et « se donne à voir ». En d’autres termes, la façon dont « il se présente à nous ».

Dans le premier discours il est sujet, actif mais subissant : « regardez comment il devient un héros ». Dans le second discours, il est acteur de son propre développement : « regardez comment il devient ». Il faut ici comprendre la différence entre devenir quelque chose, qui se rapporte et se définit inévitablement à partir de ce quelque chose imaginé comme devenu, et le fait d’être en devenir, un processus en soi, et non plus un moyen d’accéder à un statut. Il ne s’agit plus de cheminer vers un état devenu, mais bien d’entrer en devenir, tout simplement.  

Adopter cette perspective sensiblement différente fait apparaître un tout autre modèle d’évaluation de l’élaboration de son identité. Le premier aspect de ce processus innovatif consiste à définir l’individu à partir de ses caractéristiques, et de l’évolutions de ses états. 

On peut remarquer que le film est particulièrement riche en scènes et situations qui laissent la place à Snowden d’exprimer ses pensées, ses idées et ses ressentis. Il expose ses émotions et ses positions morales ou politiques. A de nombreuses reprises, en plus de le voir faire face à un dilemme, on apprend et les raisons et les arguments qui entretiennent ce problème en lui. Chaque étape de son développement biographique est ainsi traitée de manière à nous donner à voir les ajouts successifs de caractéristiques, bonnes et mauvaises, qui vont peu à peu construire le personnage.

Le film fait apparaître Snowden ses aspects les plus anodins de sa vie quotidienne, ses aspirations, ses valeurs. Comme le fait qu’il n’est pas à l’aise dans ses relations sociales, tant dans le monde professionnel qu’en matière de séduction par exemple. On nous montre même qu’il ramasse ses cartouches après avoir tiré au fusil lors d’une partie de chasse. Snowden est aussi présenté comme un homme régulièrement en proie à ses émotions. Anxieux et constamment tourmenté par des conflits de pensées, il en va jusqu’à développer une pathologie épileptique. Ces éléments ne sont pas présentés comme des « faiblesses » qu’il devrait dépasser pour accéder à un statut supérieur de développement, mais simplement comme des caractéristiques qualificatives de sa personnalité.

Comme on l’a vu précédemment, il partage bien certaines de ses caractéristiques avec les figures héroïques typiques. Son courage, son sens du devoir et du sacrifice, entre autres, sont autant d’éléments qui peuvent le définir d’abord en tant qu’homme, puis en tant que héros. En ce sens, son identité présente des aspects héroïques, mais ce n’est pas cet héroïsme qui le définit premièrement ou principalement en tant qu’individu. 

Ce que je veux dire c’est que le film nous présente aussi la construction d’un personnage non pas seulement du point de vue du développement de caractéristiques particulières dans le but de cocher les cases de « ce que doit être » un héros 6, mais plutôt pour nous montrer « comment est fait » cet homme.

Le second aspect de ce processus d’élaboration d’identité se concentre sur le traitement de ses actes, et particulièrement de son choix de révéler au monde les agissements de la NSA.

Snowden s’exprime à plusieurs reprises sur ses motivations, sur ce qui le pousse à agir, et sur la limite de ses propres engagements. Ces prises de positions permettent au spectateur de penser Snowden à partir de sa propre vision de lui même.

Le film laisse Snowden exprimer directement les intentions qui guident son geste. Lors d’un échange avec les journalistes chargés de révéler ses informations, il dit : « je ne suis pas motivé par l’argent ou quelconque bénéfice secondaire, je veux juste transmettre ces informations à des journalistes compétents pour qu’ils puissent le présenter au monde et que le peuple puisse choisir par lui même si j’ai tort, ou s’il se passe quelque chose de grave au sein de ce gouvernement ». Les risques et le changement radical de vie que cette entreprise impliquent, il les accepte non pas dans l’optique de « sauver le monde », mission tutélaire du héros, mais dans une perspective d’éducation. 

Pour le dire autrement, il cherche à donner accès à des connaissances autrement invisibles, et invite à la reconstruction d’une pensée critique à partir de ces (nouvelles) informations. Il vise à donner au peuple les outils pour se forger ses propres opinions et juger ainsi en connaissance de cause, puis décider par lui même de ce qui est juste. 

Dans cette perspective, il n’apparaît plus comme le héros qui prend à sa charge le bien être du monde en se sacrifiant, mais plutôt comme l’agent d’un processus d’éducation, d’accès à la connaissance. Plutôt que d’imposer son système de valeur au monde, de prendre entre ses mains son fonctionnement, il lui donne les clefs pour que, dans une certaine mesure, il se régule par lui-même. D’une certaine façon, il redonne du pouvoir aux individus sur le système. 

Si l’on envisage la construction du personnage de Snowden à partir de ce paradigme, son identité apparaît bien plus singulière, tout en considérant la « normalité » de cet homme. L’intérêt, selon moi, d’un tel processus sous-jacent au discour habituel du « devenir héros », repose en ce qu’il invite à repenser le modèle de pensée préexistant. Il remet en question le système de valeur prédéfinis et prédéterminant en faisant apparaître ses limites, ses faces cachées. On nous donne ainsi à voir une autre manière de considérer l’individu qu’à travers des figures stéréotypées, d’une façon peut-être plus proche de la réalité. 

Une diversité de discours au sein d’un film

Un film comme Snowden reprend les grands mécanismes du biopic engagé : le cheminement linéaire du développement d’un individu d’un point de départ jusqu’à un point d’arrivée. Mais il invite également à penser une autre conception de l’individu. 

Un premier discours nous invite à envisager Snowden en tant que héros : on considère l’individu par rapport à un référentiel qui lui préexiste, supposé commun à tous les spectateurs, mais qui varie en réalité en fonction des représentations de chacun. S’il a le courage de se sacrifier pour que l’humanité accède à des informations qu’elle ne pourrait obtenir autrement, il le fait sans le charisme de James Bond, et sans le spectaculaire de Jason Bourne. Il est possible que la réception d’un tel individu se traduise par un sentiment de déception : il n’est pas à la hauteur de nos attentes, de nos références et de nos représentations. L’autre biais de ce processus est qu’il nous concentre sur les caractéristiques qui constituent « effectivement » un héros, et écartent de fait tous les autres éléments qui ne « servent » pas à la construction de cette figure. 

Ce processus d’élaboration repose sur des mécanismes analogiques. L’enjeu du film apparaît alors comme une évaluation de son héroïsme : on se demande s’il est effectivement devenu un héros (et on peut lui attribuer une note en fonction de s’il correspond bien à ce statut en fin de compte). 

Le second discours, diffusé en parallèle du premier, invite à penser l’individu de manière positive 7, innovative. Snowden n’incarne alors plus une figure type, il n’est rien d’autre que lui-même. 

L’enjeu est différent du précédent : il ne s’agit pas de qualifier son cheminement mais de considérer le chemin parcouru, les évolutions qu’il a connu, de considérer les différentes étapes sans se rapporter à un « état final ». En d’autres termes, il s’agit d’appréhender le devenir en soi, en tant que processus : d’appréhender l’être en devenir 8. Une réception d’un pareil procédé laissera potentiellement moins de place à la déception puisqu’elle ne se fait plus par rapport à des attentes préconçues.

L’enjeux de cet article était de montrer qu’un film comme Snowden porte en lui une diversité de modèles de conception d’un individu même si, de premier abord, la pluralité de ces discours n’est pas forcément évidente. En se faisant vecteur d’information, Edward Snowden nous invite à repenser nos propres modes de penser. En faisant émerger des informations auparavant inaccessibles, Snowden questionne nos modèles préconçus, et les figures stéréotypées qui les portent. 

Ce document ne cherche pas à hiérarchiser ces deux processus. Ces deux discours ne sont d’ailleurs ni contradictoires ni incompatibles : Snowden peut être et homme et héros. Cet article invite cependant à prendre conscience de la multitude des manières de penser, de la diversité des modèles de conception, et à réfléchir aux impacts de chaque discours sur nos réceptions. 

Notes 

Toutes les images sont tirées du film Snowden . Crédits : Netflix & Open Road Films. Tous droits réservés.
L’affiche est tirée du site suivant : twitter

1 STONE, O. Snowden. Los Angeles : Open Road Films. 2016.
2 Notons que la chronologie externe (le minutage du film) peut ne pas correspondre avec la chronologie diégétique (l’agencement des différents moments de l’histoire racontée dans le film). Mais dans un cas comme dans l’autre, le film constitue une entité organisée qui peut être considérée linéairement : un début, un milieu, une fin.
3 YOUNG, T. Dr. No. London : Eon Productions. 1962.
4 LIMAN, D. The Bourne Identity. Universal City : Universal Pictures. 2002.
5 DE PALMA, B. Mission : Impossible. Hollywood : Paramount Pictures. 1996.
6 Pour nous montrer, en fin de compte, qu’il en et bien un, puisqu’il en présente les caractéristiques.
7 Positif ne veut ici pas dire forcément méliorative, mais dans le sens d’une addition, d’un ajout constant des différentes caractéristiques qui le définissent, qualités et défauts, atouts et handicaps.
8 Cette expression est pleine d’un double sens. Etre est autant l’auxiliaire que l’individu. Il ne faut cependant pas comprendre cette expression au sens de devenir un être particulier. En devenir doit ici encore être pensé comme un processus, un état de transition.